Observatoire
L'IMPLANTATION
En 1684, le correspondant lyonnais de CASSINI, Jean de Saint-Bonnet,
avait fait aménager un observatoire dans le Collège de la Trinité
(actuel Lycée Ampère). En 1867; cet observatoire est transféré
dans une aile du Palais Saint-Pierre et Charles ANDRE (1842-1912) en est le
directeur.
On cherche bientôt un site idéal pour les observations astronomiques
et en 1873 est créée la Commission de l'Observatoire : elle
est chargée par le Maire d'étudier le projet de rétablissement
d'un observatoire à Lyon.
1874-1877 : L'Observatoire sera-t-il construit à Sainte-Foy-lès-Lyon
? C'est en tout cas la recommandation de la Commission. Sur ces entrefaites,
Ch. André lance une grande offensive pour que l'Observatoire soit construit
à Saint-Genis-Laval : le lieu est plus accessible, nettement moins
cher, et la météo y est, une des plus favorables de France en
fait. Dès le 21 janvier 1877; le Conseil Municipal de Lyon délibère
pour la création de cet observatoire et le 8 janvier 1878, c'est au
tour du Conseil Général du Département du Rhône
de se prononcer dans le même sens.
Le 11 mars 1878, le maréchal de MAC-MAHON, Président de la République,
signe le décret de création d'un observatoire astronomique et
météorologique à Lyon. La direction sera confiée
à Charles ANDRE par l'Etat, la Ville de Lyon et le Département
du Rhône.
Voici quel sera le coût (prévu / finalement dépensé)
de l'opération, étalée sur une dizaine d'années
:
- Ville de Lyon: 30 000 F / 232 000 F
- Département du Rhône: 45 000 F / 45 000 F
- Etat: 61 500 F /58000 F
LA CONSTRUCTION
- Les hommes :
L'Architecte en chef de la Ville de Lyon, Robert HIRSCH, est chargé
de la construction.
Tout au début, ce sont Charles André, Charles Gonnessiat et
Emile Marchand qui assurent la mise en place et les premières observations.
Vont ensuite venir les rejoindre Michel Luizet, Georges Le Cadet et Joseph-Noël
Guillaume. Ceci pour ne citer que les principales figures de cette époque.
- Les moyens :
L'équipement se fait progressivement de 1880 à 1900, nous ne
citerons que les étapes les plus marquantes :
1879 : Transfert des instruments du Palais saint-Pierre à Saint-Genis-Laval,
construction du pavillon météorologique, construction de la
salle du petit méridien.
1880 : Construction du bâtiment de l'administration et de la maison
du Directeur.
1881 : Mise en service du petit équatorial Brunner de 160 mm sous sa
coupole.
1882 : Creusement de la grande galerie souterraine: elle est destinée
à des expériences d'optique instrumentale par Ch. André.
1885-1887: Construction du grand équatorial coudé de 350 mm
sous abri roulant.
Ce magnifique instrument allait s'avérer plus esthétique qu'efficace,
comme tous ses frères; les documents d'époque attestent de la
difficulté de mise au point de cette formule, comme des limitations
dues à sa complexité optique.
Les astronomes lyonnais en tireront néanmoins d'innombrables observations,
des surfaces planétaires aux positions d'étoiles doubles, pendant
plus de cinquante ans.
1886 : Construction du pavillon du magnétisme.
Afin de remplacer le laboratoire installé au sous-sol du pavillon météo,
où les instruments étaient soumis à trop d'influences
parasites, on établit dans le parc ce petit édifice. Il est
construit dans les règles de l'art: sans utilisation d'aucune parcelle
de fer...
- Les travaux :
Ils sont conformes aux standards de l'époque, et comportent des observations
méridiennes, des déterminations de positions d'étoiles
doubles, des observations de planètes, comètes, de la surface
solaire. S'y ajoutent l'étude de divers effets instrumentaux, les relevés
météorologiques, l'étude du magnétisme terrestre.
Les prévisions météo sont inscrites à la craie
sur un tableau, place des Terreaux, pour le plus grand profit des lyonnais;
déjà, on plaisante beaucoup sur la validité de ces pronostics
!
A partir de 1884 apparaît une nouvelle et très importante activité
: l'Observatoire est chargé, grâce aux observations méridiennes,
de déterminer l'heure exacte, et de la transmettre à la ville
de Lyon au moyen de signaux électriques. De nombreux cadrans, installés
un peu partout dans la ville, reçoivent ces signaux, et donnent ainsi
l'heure aux Lyonnais...
Dès le début, une activité de vulgarisation scientifique
est entretenue, avec des conférences occasionnelles dans l'une ou l'autre
salle lyonnaise.
Enfin, l'inauguration officielle de l'Observatoire a lieu le 18 décembre
1887 et Charles ANDRE en restera directeur jusqu'en 1912, date de sa mort
subite.
"Cet établissement situé sur un mamelon isolé, à
la cote de 300 rn, jouit d'une vue des plus étendues; son horizon entièrement
libre s'étend des Alpes aux plus hauts contreforts des montagnes du
Lyonnais, en passant par le Pilât et le massif du Mont d'Or"
(L'Observatoire de Lyon par Charles ANDRE, congres de Lyon, 1906).
Si pratiquement tous les Saint-genois connaissent
aujourd'hui l'existence de l'observatoire, beaucoup se demandent ce que l'on
peut bien y faire.
De l'Astronomie, bien sûr, et on envisage volontiers une activité
nocturne intense, avec des télescopes fouillant le ciel tandis que
clignotent et ronronnent des appareils mystérieux.
La réalité est sensiblement différente, tout d'abord
les exigences toujours plus grandes d'un recul des limites d'observations,
conjuguées à la détérioration de l'environnement,
font qu'à l'heure actuelle il n'est pratiquement plus envisageable
de procéder à des observations scientifiques dans cette proche
banlieue lyonnaise.
Les nuits présentant une bonne transparence atmosphérique sont
exceptionnelles à cause de perturbations multiples: pollution atmosphérique,
climat régional peu favorable et surtout l'altitude modeste du site
(300 m). L'astronomie aujourd'hui s'intéresse aux objets lointains
qui sont très peu lumineux et requièrent donc un ciel très
noir. La généreuse illumination du ciel de l'agglomération
lyonnaise par les éclairages publics, sans parler des torchères
proches, interdit totalement de telles observations.
Au fil des ans, l'Observatoire a muté vers des activités de
préparation et dépouillement d'observations ainsi que vers l'étude,
la réalisation et la mise au point de nouveaux instruments d'observation.
Ces appareils sont de types variés: caméras infrarouges, spectrographes,
tavélographes. ..
L'Observatoire de Lyon fait partie des neuf observatoires astronomiques français.
Il est aujourd'hui une des deux localisations du C.R.A.L. (Centre de Recherche
Astronomique de Lyon) qui inclut également le groupe d'astrophysique
théorique de l'Ecole Normale Supérieure de Lyon (E.N.S.) localisé
à Gerland. C'est une composante de l'Université Claude Bernard
Lyon 1 et une unité mixte de recherche associée au CNRS et au
Ministère de la Recherche. Le personnel comprend 70 astronomes,enseignants-chercheurs,
ingénieurs, techniciens, administratifs et étudiants en thèse.
les recherches portent sur les aspects théoriques, observationnels
et instrumentaux de l'astrophysique stellaire (des étoiles) et galactique
(des galaxies). Sept équipes consacrent à la recherche fondamentale
leurs activités dans différents domaines de connaissance de
l'Univers, que ce soit l'étude du milieu interstellaire, l'étude
des galaxies extérieures ou la mise en oeuvre de techniques très
particulières en infrarouge, spectrographie tridimensionnelle, interférométrie,
haute résolution.
Les réalisations techniques sont regroupées dans des services
spécialisés (service projet, bureau d'études et atelier
de mécanique, laboratoire d'électronique, laboratoire d'optique)
à l'Observatoire.
le CRAl est impliqué dans les trois cycles d'enseignement universitaires
à l'Ecole Normale Supérieure et à l'Université
Claude Bernard Lyon I.
Dans un monde ayant soif de savoir, l'Observatoire participe activement aux
actions de diffusion des connaissances (portes ouvertes, soirées d'observation,
visites scolaires, d'associations, de groupes, de clubs etc.). le succès
des visites (plusieurs milliers de visiteurs par an), témoigne de l'intérêt
croissant des gens pour l'astronomie.
LES AXES DE RECHERCHE
Le CRAL est très actif en astrophysique théorique, notamment
par sa composante à l'E.N.S.. Les recherches visent à étudier
et à modéliser les processus physiques en action dans les objets
astronomiques. Ces développements se font en concertation avec les
équipes observationnelles et s'appuient sur les très grands
équipements de la communauté internationale.
Un autre axe important du CRAL est l'étude des galaxies ainsi que l'étude
de l'environnement des étoiles (atmosphères, jets degaz...)
en s'arlpuyant sur les données à haute résolution angulaire
(possibilité de séparer deux régions ou deux objets très
proches au niveau angulaire dans le ciel). Ces équipes développent
des outils spécifiques (instrumentation, base de données), dont
certains sont uniques.
Enfin une base de données extragalactiques développée
à l'Observatoire offre les paramètres astrophysiques de plus
d'un million de galaxies. Elle est accessible par les chercheurs et instituts
du monde entier.
DES DÉVELOPPEMENTS INSTRUMENTAUX
Des compétences et équipements particuliers en mécanique,
électronique, optique, informatique permettent le développement
d'instruments prototypes originaux. Ainsi ont vu récemment le
jour :
-une caméra infrarouge permettant l'observation d'objets "froids"
d'où l'étude de stades précoces (étoiles jeunes)
ou tardifs
(étoiles vieilles) de l'évolution stellaire
-deux spectrographes permettant l'observation simultanée de plus de
1000 spectres d'une région du ciel obtenant de précieuses informations
sur la physique et la dynamique des objets observés
-un imageur permettant des mesures de grande précision
-la création d'une "étoile artificielle" en provoquant
par un faisceau laser une émission lumineuse dans la couche de sodium
située à une altitude d'environ 100 kms dans l'atmosphère
sur le site du CEA à Pierrelatte.
MAIS QUE FONT LES ASTRONOMES À SAINT-GENIS ?
A l'Observatoire se font les travaux de préparation d'observation et
de dépouillement pour l'interprétation des résultats.
Le télescope possédant un miroir d'un mètre de diamètre
est utilisé pour les premiers essais des instruments, la formation
et la vulgarisation; les observations scientifiques se faisant dans les observatoires
dits "de mission".
La légendaire image de l'astronome, vieillard bienveillant noyé
dans d'interminables calculs s'est estompée à la faveur de diverses
émissions de vulgarisation, mais on n'en sait pas plus sur sa vie de
tous les jours. ..
A Saint-Genis-Laval l'astronome travaille en équipe, il doit savoir
l'état des recherches dans tous les domaines qu'il étudie. Pour
ses recherches les outils ne manquent pas et par le réseau Internet
il a accès aux articles, revues et publications du monde entier.
lorsque son idée "géniale" a été retenue
par la communauté scientifique qui l'a financée en permettant
la réalisation d'un nouvel instrument, voilà l'équipe
prête à franchir les milliers de kilomètres qui la séparent
du lieu d'observation situé au sommet d'une montagne.
là commence l'aventure de la 1 ère mise en service, en
collaboration avec des scientifiques étrangers. Cette expérience
unique, au-delà des cultures, est très riche. Après une
période d'intense activité, de nuit comme de jour, l'appareil
est maintenant opérationnel. Il capte les premières lumières
du ciel profond qui sont ensuite stockées sur un support numérique.
Dans le cas idéal, la mission est fructueuse, le dépouillement
des résultats aussi, l'astronome et son équipe rédigent
un article exposant à la communauté scientifique tous les aspects
de l'affaire et les résultats obtenus; ils vont défendre leurs
résultats dans de grandes réunions de spécialistes mondiaux,
puis ils proposent l'article à une revue scientifique internationale.
.. il est accepté, après de probables retouches, et paraîtra
quelques mois plus tard. A ce moment, il y aura bien longtemps que l'astronome
aura eu une autre idée. ..
Roland Bacon & Dominique Dubet
Saint-Genis-Info
N° 7 Déc 2002 : Considérant que l'observatoire
a une activité en plein développement, qu'il constitue un élément
important de la culture scientifique et participe au rayonnement scientifique
de l'ensemble de l'agglomération lyonnaise, Roland Crimier a en collaboration
avec Roland Bacon, Directeur de l'observatoire, sollicité les responsables
des différentes instances régionales, région, département,
Grand Lyon, ville de Lyon, et appelé l'attention de leurs responsables
sur l'intérêt que revêt le projet d'extension de l'observatoire.
L'agrandissement des installations du site permettrait notamment d'étendre
le bâtiment de recherche, de créer une salle de conférence,
de réhabiliter les anciens
locaux et de concevoir un espace de visite "', et de diffusion de la
culture scientifique ainsi que des espaces techniques pour la réalisation
de grands instruments internationaux.
En réponse, Dominique Chambon, vice-Président de la Région
délégué aux politiques territoriales et Alain Bideau,
vice-Président du Grand Lyon, chargé des relations institutionnelles
ont déjà manifesté leur intention de soutenir le projet.
Site : http://www.obs.univ-lyon1.fr/sdc
Société Astronomique de Lyon :
Cette association existe depuis 1931. Elle a
son siège à l'observatoire de st-Genis-Laval, avenue Charles
André. Son but est de faire connaître et de pratiquer l'astronomie
et les sciences qui s'y rapportent.
Ses activités :
- l'observation, quand la météo le permet, depuis la coupole
mise à notre disposition et abritant un télescope de 60 cm,
ou avec des télescopes d'amateur appartenant à la société.
- l'organisation d'une série de conférences : environ 6 par
an, réparties de novembre à juin. Ces conférences sont
axées sur l'astronomie ou les domaines qui ont un rapport avec cette
science.
- Des visites d'établissements scientifiques, en principe au mois de
juin. Cette année nous avons pu visiter l'observatoire de Haute Provence.
- Un camp d'été d'une semaine à la fin du mois d'août.
En générale, il se passe dans la Drôme, au pied du Vercors
où le ciel est moins pollué que dans la région lyonnaise.
- La diffusion d'un bulletin comprenant un résumé des thèmes
de conférences, un compte-rendu d'activité de la société,
des biographies d'astronomes célèbres depuis l'antiquité
à nos jours et des articles techniques sur la pratique de l'astronomie.
-Des cours d'initiation pour les débutants ou pour les amateurs un
peu plus confirmés.
- La participation aux manifestations organisées par l'observatoire,
en particulier les opérations "Portes ouvertes".
- L'observation pour le public au fort de Côte Lorette à l'occasion
de la nuit des étoiles.
- Une bibliothèque bien fournie permet aux adhérents de se documenter
sur l'astronomie et les sciences qui gravitent autour.
Les membres de la société se réunissent le vendredi soir.
L'accès à l'observatoire se fait de 21 h à 21 h 30 précises.
Si le temps le permet, l'observation est la principale activité. Sinon
ce sont des discutions avec échange de "trucs" et de conseils
entre les membres. Eventuellement, il peut y avoir une initiation à
l'utilisation des caméras CCD et des Web cam en astronomie.
Pour les amateurs qui désirent construire eux même leur télescope,
la société possède un petit atelier équipé
pour aluminer les miroirs.
Contact :
Société Astronomique de Lyon
Tél.04 78 59 58 39
E-mail : soas.Lyon@ wanadoo.fr
Site internet: http:/ /sal.ifrance.com