Les Barolles
Les Barolles, aux confins de Brignais, Vourles et Charly quartier
neuf tourné vers l'avenir a un passé riche
dont nous allons évoquer brièvement l'histoire. Le nom de "Barolles"
est attesté comme nom de lieu dès 1414. Peut-on
en donner l'étymologie ? On a souvent rapproché ce nom du verbe
"barouler" ou 'débarouler" du parler Lyonnais. Dans
le "Littré de la Grande Côte", Nizier du Puitspelu
en donne la définition suivante : "rouler de haut en bas".
Cela pourrait expliquer les termes de "Hautes" et "Basses Barolles.
Ce quartier assez étendu regroupe plusieurs hameaux dont nous ne rappellerons,
parmi les noms oubliés, que ceux qui nous semblent les plus imagés:
Voidesat, Lollière, Mouran et Bérémont.
Ce sont des terrains d'alluvions glaciaires autrefois
boisés, comme en témoigne le Bois Goyet (bois gai ou
joyeux) où des archéologues du siècle dernier ont voulu
voir des traces de constructions mégalithiques. L'histoire des Barolles
est marquée par la fameuse bataille de Brignais qui
s'est déroulée en partie sur Saint-Genis-Laval le 6 avril 1362.
Dans son récent ouvrage sur Seguin de Badefol, notre concitoyen Bernard
Descroix en fait le récit. C'est pendant cette bataille que Jacques
de Bourbon fut grièvement blessé et transporté sur le
bloc erratique de la Pierre Souveraine avant de mourir à Lyon. Une
légende est attachée à cette pierre: les jeunes filles
en quête de mari devaient en faire sept fois le tour à cloche-pied
sans s'arrêter pour être exaucées. C'est là aussi
que dans un acte de baptême de 1783 il est fait mention de Jacques Grisvard
"constructeur de puits de charbon de terre", puits indiqué
sur la crête qui domine le vallon des Aiguets, dans le Grand Atlas de
Saint-Genis du XVlllè siècle. En allant en direction de Vourles,
on peut encore voir la croix de Naive (1836) du nom du ruisseau qui prend
sa source au Coin: elle fut fondée le 12 septembre 1547 et c'est là
que les habitants de Charly, en allant en pèlerinage à Notre
Dame de Beaunant, avaient coutume de faire une halte.
Au cours des siècles, les bois ont été
défrichés pour faire place aux cultures : celle de la
vigne remonte au XVlè siècle puisque l'on parlait déjà
des "célèbres vins des Barolles"
mentionnés également dans les Almanachs des époques suivantes.
Jusqu'à ces dernières années, les arbres fruitiers
étaient nombreux. Les fraises et les cardons
poussent encore ainsi que la petite cerise -emblème
du Centre Commercial- mais d'une autre façon ! Ces terres avaient
attiré les bourgeois lyonnais pour construire des maisons des
champs tout en faisant fructifier les exploitations agricoles. Citons
la maison de la Pierre Souveraine près de laquelle Monsieur Potton,
en 1870, fit bâtir une chapelle pour les dévotions de sa
fille Olympe. C'est là aussi que moins d'un siècle
plus tard, Albert Husson écrivit: "La cuisine des anges"
qui connu un vif succès. Tout à côté se trouve
la maison qu'habita Jacques Frédéric Willermoz. Cet esprit cultivé,
membre de la Société Littéraire, avait une grosse fortune
qu'il distribuait largement aux pauvres. Il fit, en 1850, un legs à
la commune de Saint-Genis-Laval pour construire et entretenir une salle d'Asile,
c'est à dire une école du premier âge (de 2 à 6
ans). Il donna également les fonds nécessaires pour créer
une bibliothèque gratuite "pour inciter à la lecture".
Cet asile fut édifié près de l' église à
l'emplacement du cimetière. On pouvait encore le voir jusqu'à
l'été dernier.
Voilà en quelques mots les grands traits de l'histoire de ce quartier
neuf. Au delà du béton coloré, il est bon de retrouver
la vie qui s'y est écoulée et dans laquelle les nouvelles générations
vont prendre racines.
Emmanuelle JOLY-GRÉGOIRE